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Alternatives Sud, Centre Tricontinental (CETRI)

L’offensive des marchés sur l’université

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> Alternatives Sud, Vol. X (2003) 3, Cahiers édités par le Centre Tricontinental, Louvain-la-Neuve

Sous la pression d’un environnement économique de plus en plus compétitif et imprévisible, d’un marché du travail polarisé, de difficultés budgétaires croissantes et de marchés financiers en quête de placements rentables, les systèmes d’enseignement supérieur tendent à évoluer vers une plus grande différenciation, vers plus de flexibilité, vers plus d’instrumentalisation au service de la compétition économique et, ultime point de convergence de ces trois tendances, vers la privatisation marchande.

Résumés des articles

Au Nord comme au Sud, l’offensive des marchés sur l’université

Nico Hirtt

Sous la pression d’un environnement économique de plus en plus compétitif et imprévisible, d’un marché du travail polarisé, de difficultés budgétaires croissantes et de marchés financiers en quête de placements rentables, les systèmes d’enseignement supérieur tendent à évoluer vers une plus grande différenciation, vers plus de flexibilité, vers plus d’instrumentalisation au service de la compétition économique et, ultime point de convergence de ces trois tendances, vers la privatisation marchande. De puissants groupes de pression et organisations internationales encouragent cette évolution en créant les conditions réglementaires qui la facilitent. L’ensemble de ce processus se trouve en outre favorisé par la diffusion d’une puissante idéologie, dite néolibérale, qui est à la fois le produit et la condition nécessaire du vaste mouvement de globalisation marchande frappant désormais tous les aspects de la vie sociale. Ces tendances dans le champ de l’enseignement supérieur s’inscrivent dans une dynamique délétère, touchant les systèmes éducatifs dans toutes leurs dimensions : le passage de l’ère de la *massification+ à l’ère de la *marchandisation+. Le processus est en cours au Nord comme au Sud, là où ses effets creusent les écarts entre élites globalisées et majorités exclues. Tant la mission que les contenus de l’université s’en trouvent altérés.

Réflexion latino-américaine sur l’université, les savoirs hégémoniques et l’ordre libéral dominant

Edgardo Lander

Autrefois fers de lance de la critique sociale du système, les universités latino-américaines semblent s’être aujourd’hui complètement alignées sur le mode de pensée académique dominant et, partant, elles contribuent, plus que jamais, à la naturalisation du système économique actuellement en vigueur, à savoir l’ordre économique libéral. Cette évolution s’est traduite notamment, en leur sein, par une très forte parcellisation et un strict confinement des savoirs, de même que par une domination presque sans partage sur les sciences sociales d’une pensée économique usant et abusant de modèles mathématiques désincarnés. Ces dernières disciplines se sont ainsi vues progressivement déchargées de toute réflexion critique globale, sommées d’adopter les critères de scientificité et de rigueur de la vulgate économique et de s’en tenir aux limites étroites de leur champ d’investigation. C’est le sort qui est fait à ces disciplines qu’il s’agirait de remettre en question afin de permettre aux universités latino-américaines de redevenir les lieux de production d’une pensée sociale alternative.

La Banque mondiale et l’enseignement supérieur en Amérique latine et ailleurs

John Saxe-Fernández

L’ensemble du système d’éducation supérieure du continent latino-américain est aujourd’hui l’objet d’une attaque systématique de ses fondements séculaires et de sa tradition de liberté d’enseignement et de recherche. L’autonomie, à la base de la conception humaniste qui caractérise l’université classique, est mise au pilori non pas par d’abstraites *exigences du marché+, mais précisément par la Banque mondiale et les puissants intérêts privés qui gravitent autour de cet instrument. L’emprise des transnationales sur les programmes de recherche et sur les résultats de ces programmes progresse par le biais d’accords entre universités et secteur privé. Accords auxquels sont contraintes les institutions d’enseignement en manque de deniers publics, dans des pays où l’État est amené à se désengager de ses missions fondamentales. On assiste à une privatisation des connaissances et des essences, en particulier dans le domaine des sciences de la nature. Les thèses de la Banque mondiale consistent à placer les intérêts du capital au cœur des définitions de la recherche et de l’enseignement, contribuant ainsi à l’instrumentalisation des chercheurs et des enseignants du Sud.

L’apport des cultures indigènes à l’éducation et à l’enseignement supérieur dans un monde globalisé

Walter Heredia Martínez

L’apport du modèle d’éducation indigène, comme approche et pratique éducatives ancrées dans les cultures autochtones, peut aider à relever les nouveaux défis éducatifs posés par la mondialisation. Les mythologies indigènes avaient prévu la réalité du monde actuel, du monde survenu après la *conquête+ et l’assujettissement de leurs peuples. Elles avaient annoncé l’avènement d’un monde du déséquilibre, de la non-unité, qui conduirait l’humanité au suicide et à l’*écocide+. Parallèles au processus de mondialisation, la néocolonisation économique, l’homogénéisation culturelle et la négation juridique sont les trois grandes tendances à l’œuvre dans les territoires des peuples indigènes d’Amérique latine. Les modèles d’apprentissage modernes, produits en laboratoire sur base d’expériences artificielles qui ne donnent qu’une idée partielle de la réalité, auraient pourtant beaucoup à gagner d’une approche plus respectueuse du modèle d’éducation indigène, de son caractère holistique, paradoxal et intégral. Sans cette ouverture à l’autre, nos institutions de recherche et d’enseignement supérieurs risquent de n’être que de simples instruments acritiques d’assimilation et de reproduction de paradigmes et de théories exogènes.

Les tendances à la marchandisation de l’enseignement supérieur en Inde et dans l’État du Kerala

M.P. Parameswaran

L’industrie de l’éducation prospère. Depuis que les partisans du néolibéralisme ont mis le doigt sur *les énormes marchés inexploités dans le domaine de l’enseignement supérieur+ et, dans la foulée, ont commencé à fustiger *les environnements nationaux réglementaires+ comme autant d’*obstacles+, la réalisation de profit par des *entreprises éducatives+ s’est généralisée. Au détriment des contenus, souvent instrumentalisés, mais surtout de l’accès du plus grand nombre aux études. L’OMC apparaît ainsi comme le cadre inter étatique où va se négocier la marchandisation de l’éducation. En Inde, le processus est en marche. Au bénéfice des nouveaux entrepreneurs du secteur, au préjudice des moins nantis. Caractérisé par un haut niveau de développement humain en dépit de son faible niveau de revenu, l’État du Kerala, dans le Sud Ouest de l’Inde, est sur la même pente. L’offensive des marchés sur l’éducation et la santé hypothèque les acquis sociaux des politiques étatiques d’hier. Seuls les plus riches sont aujourd’hui en mesure d’accéder à l’enseignement supérieur privé et l’éducation publique vacille.

Refaire ou ajuster l’université africaine ?

Jean-Marc Éla

Une réflexion endogène sur le type d’université à promouvoir en Afrique noire s’impose. Au-delà de son extraversion actuelle, au-delà des lois du marché auxquelles la Banque mondiale, notamment, entend la soumettre, il est urgent de jeter les bases d’une réappropriation africaine, critique et responsable, de l’enseignement supérieur. Dans des universités à bout de souffle, délaissées par les États et concurrencées par les entreprises privées d’enseignement à distance, on assiste, par exemple, à la disparition progressive des disciplines qui ne répondent pas aux normes de rentabilité imposées par la dictature de l’immédiat à laquelle les champs du savoir sont asservis dans le processus de marchandisation des espaces de la vie en société. Quel service l’Afrique peut-elle attendre d’une université formatée par l’univers culturel occidental ?

L’université africaine face à la globalisation. Lieu de construction d’un savoir endogène ou instrument de reproduction du modèle occidental ?

Joseph Amougou

En Afrique, les universités pourraient être amenées un jour à jouer un rôle moteur dans la construction d’un véritable projet de société et de développement authentiquement africain. Mais le chemin à parcourir risque encore d’être très long. C’est que l’université en Afrique, plus que partout ailleurs, subit de plein fouet les conséquences d’une mondialisation qui voit se répandre et triompher le projet transculturel du capitalisme occidental (marchandisation de la culture et du savoir, privatisation de l’éducation, uniformisation des comportements, développement d’une rationalité instrumentale, etc.) qui l’empêche actuellement de poursuivre ces objectifs. Et pourtant, depuis l’apparition de nouveaux acteurs internationaux, issus le plus souvent de la société civile, un autre scénario, plus à même de répondre aux besoins réels de l’Afrique et de respecter ses traditions et ses cultures, est envisageable. Mais il suppose l’élaboration par les universités africaines d’un véritable savoir endogène, accessible à tous et à toutes, plus en phase avec les réalités africaines et susceptible d’enrichir le stock mondial des connaissances dont il s’agirait d’affirmer le caractère public. Pour ce faire, un ensemble de conditions externes et internes n’en doivent pas moins être réunies.

Les défis internes et externes de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne

Nahas A. Angula

Au lendemain des Indépendances, l’enseignement supérieur africain a été considéré comme une voie sûre pour échapper à la pauvreté. Le nombre d’universités africaines est passé de six en 1960 à plus de 200 aujourd’hui. Le contexte général reste toutefois adverse, en particulier depuis le déclin économique amorcé au début des années 1980. Les conséquences des programmes d’ajustement structurel sur l’enseignement en général sont désastreuses. La crise est cependant le reflet de dynamiques tant externes qu’internes. L’accroissement rapide du nombre d’étudiants, l’explosion démographique, la dépendance intellectuelle et culturelle de l’Occident, la faiblesse des financements publics, la fuite des cerveaux, les problèmes de gestion et d’efficience des institutions, les freins à l’accès des femmes à l’université sont autant de facteurs, d’obstacles ou de défis à relever par l’enseignement supérieur africain pour qu’il ne serve pas qu’une élite minoritaire.

Atouts humains et limites institutionnelles et économiques des universités camerounaises

Mekinda Beng

La crise que connaissent les universités camerounaises aujourd’hui est comparable à celle que connurent les universités occidentales dans les années 1960. L’esprit scientifique commande d’analyser le contexte camerounais, de puiser dans l’expérience des autres afin de permettre à nos universités de répondre aux besoins réels, actuels et à venir du Cameroun et de l’Afrique en général. Ce XXIe siècle inaugure une époque où il faudra gérer le vécu pédagogique de plus de vingt siècles d’histoire de l’enseignement supérieur. La perspective à privilégier est celle qui fera justice aux potentialités de revitalisation de tout ce qui est taxé bien souvent encore de traditionnel, afin d’envisager résolument une pédagogie andragogique qui lie l’enseignement supérieur et un projet de société clairement défini. Sous la tutelle politique de l’État, les universités camerounaises pâtissent en outre directement des programmes d’ajustement structurel et de la pénétration du modèle culturel néolibéral.

Autorisation de reproduction ou traduction à demander à cetri@cetri.be

document de référence rédigé le : 1er 2003

date de mise en ligne : 14 mars 2005

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