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Lettre ouverte de citoyens inquiets du monde appuyant la coalition nationale du Ghana contre la privatisation de l’eau

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http://www.wateractivist.org

Monsieur James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale
Monsieur Henri Proglio, PDG de Vivendi Environnement (Veolia)
Monsieur Mestrallet, PDG de Suez
Monsieur Larry Magor, PDG de Biwater
Monsieur J.F. Talbot, PDG de SAUR

Nous, soussignés, vous écrivons à titre particulier et à titre de membres d’organisations, dont un grand nombre connaissent de première main les incidences tragiques des échecs des grandes sociétés dans le secteur de l’eau de la Bolivie aux Philippines et de l’Argentine à l’Afrique du Sud. Considérant la triste histoire des projets de privatisation de l’eau qui ont échoué, concernant souvent les mêmes sociétés maintenant en quête de contrat au Ghana, nous vous demandons d’écouter les préoccupations de la Coalition nationale du Ghana contre la privatisation de l’eau.

La Coalition nationale du Ghana contre la privatisation de l’eau, formée d’organisations féminines, de groupes d’étudiant(e)s et de jeunes, de locataires, de résidents et d’associations communautaires, de groupes religieux, de syndicats, de groupes environnementaux et de groupes des droits de la personne s’est unie autour du but d’assurer l’accès de tous les Ghanéens à l’eau pour 2008.

La Coalition a conclu que la réalisation de cet objectif est minée par les programmes de la Banque mondiale et des gouvernements qui favorisent l’instauration d’un prix du marché international de l’eau et (2) par les contrats du secteur privé accordés aux multinationales étrangères pour la gestion du système d’eau du Ghana. Nous réclamons de mettre un terme à ces programmes et de donner au peuple ghanéen la chance d’élaborer des propositions de rechange.

La Coalition nationale du Ghana contre la privatisation de l’eau réclame ce qui suit :

  • Un examen approfondi des options du secteur public. La réforme et la restructuration des services publics de l’eau est une option viable qui nécessite des investissements dans le renforcement des capacités, l’infrastructure, une plus grande autonomie de gestion locale et la responsabilisation de la collectivité locale.
  • La pleine participation de tous les secteurs de la société civile à la prise des décisions concernant les réformes du secteur de l’eau.
  • La divulgation complète de tous les documents, les soumissions, les propositions et les négociations concernant la passation de contrats du secteur privé avec des sociétés multinationales étrangères pour la gestion du système d’eau du Ghana.

Les organisations et les particuliers soussignés sont particulièrement inquiets du projet de contrat du secteur privé au Ghana parce nous sommes nombreux à avoir connu de graves problèmes avec les services d’eau privés dans nos propres pays. En voici quelques exemples.

BOLIVIE : En 1999, le gouvernement bolivien a accordé un contrat de 40 ans pour les services d’eau de Cochabamba à une filiale de la société géante Bechtel. Les conditions du contrat si draconiennes que les citoyens, incapables de survivre sous le fardeau des nouveaux prix de l’eau, ont commencé à s’organiser pour obtenir le départ des compagnies. Le coût de l’eau a augmenté immédiatement - de 100 % à 200 % dans certains cas. Les petits agriculteurs et les chômeurs ont particulièrement écopé. Dans un pays où le salaire minimum est inférieur à 100 $ par mois, beaucoup de familles en arrachaient pour payer des factures d’eau de 20 $ ou plus. En avril 2000, après des mois de désobéissance civile et de manifestations de colère dans les rues, le président de la Bolivie a été forcé de mettre un terme au contrat de privatisation de l’eau. Bechtel a répliqué en poursuivant le gouvernement de la Bolivie pour 25 millions de dollars. Bechtel a prétendu avoir perdu son investissement et « des profits potentiels » parce que la société prévoyait des recettes annuelles de 58 millions de dollars.

PHILIPPINES : En 1997, le gouvernement des Philippines a accordé un contrat de 25 ans à Maynilad Water (co-propriété de Suez et de la famille Lopez) pour fournir les services d’eau à une partie de Manille. Les groupes de la société civile ont critiqué le caractère non démocratique et l’opacité du processus de privatisation, les augmentations des tarifs (incluant un rajustement lié aux fluctuations du taux de change), les promesses non tenues de réhabilitation et d’expansion des services d’eau (particulièrement aux pauvres des milieux urbains) et la faiblesse de la réglementation et des pratiques de surveillance. Dans un communiqué de presse de Noël 2001, le Asian Labor Network déclarait : « En réalité, Maynilad Water a privé la famille philippine de trois repas complets ou trois kilos de riz. Le vendeur ordinaire devra maintenant céder une journée complète de revenu pour payer le coût de l’eau. » [traduction] Suite à la mauvaise gestion de ses affaires et à la crise financière qui a sévi en Asie, Suez utilise maintenant divers stratagèmes juridiques pour essayer de se libérer de la responsabilité de la dette. Et Maynilad Water négocie avec le gouvernement des Philippines pour essayer de laisser sa dette au secteur public dans un échange de créances contre actifs. Comme cela est trop souvent le cas, c’est la population qui assumera le fardeau de cette dette aux Philippines.

ARGENTINE : En 1993, le gouvernement de l’Argentine a accordé un contrat de 30 ans à Aguas Argentinas (dont Suez est le propriétaire majoritaire) pour fournir les services d’eau et d’égouts à la ville de Buenos Aires. La compagnie a réalisé au cours de ses huit premières années un profit de 19 % sur sa valeur nette moyenne, mais la crise du peso de 2002 a mis la compagnie en dette. La clause contractuelle qui permettait à Aguas Argentinas de lier les prix de l’eau au dollar américain, et de s’assurer de gros profits, a été annulée par un décret d’urgence du gouvernement. Lier les prix de la consommation d’eau au taux d’échange du peso avait signifié des augmentations continues des prix que les pauvres des secteurs urbains devaient assumer de façon disproportionnelle. Le taux de non-paiement des services d’eau et d’égouts était aussi élevé que 30 %, les arrêts de service étaient communs et c’étaient la santé et la sécurité des femmes et des enfants qui en souffraient le plus. Aguas Argentinas a manqué à ses obligations contractuelles de construire une installation de traitement des eaux usées et plus de 95 % des eaux usées de la ville coulent directement dans le Rio del Plata. Suez menace maintenant de poursuivre la Banque mondiale pour 180 millions de dollars à titre de dommages, afin de forcer la renégociation du marché.

AFRIQUE DU SUD : En 1999, la société britannique multinationale d’eau Biwater a élaboré une coentreprise avec un groupe sud-africain et a obtenu un contrat de 30 ans pour fournir les services d’eau à Nelspruit, en Afrique du Sud. La compagnie a presque triplé le prix à la consommation de l’eau et a rapidement interrompu le service pour ceux qui n’étaient pas capables de payer. Les augmentations de prix et les plaintes persistantes parce que la compagnie ne fournit pas les services dans les secteurs pauvres ont incité certains consommateurs à ne plus payer leurs factures. Les représentants de Biwater prétendent que ce sont l’insuffisance des recettes et le manque de possibilités de crédit qui entravent l’exécution des engagements contractuels prévoyant d’élargir l’accès à l’eau. Le conflit et la tension sociale se poursuivent sous l’impulsion des citoyens qui font valoir que l’accès à l’eau saine et abordable est un droit humain.

Il s’agit de seulement quelques-uns des cas d’échec de la privatisation de l’eau dont ont souffert des populations de toutes les parties du monde. Nous vous demandons de tendre l’oreille aux préoccupations de la Coalition nationale du Ghana contre la privatisation de l’eau. Il y a considérablement d’opposition à la participation des sociétés privées transnationales dans le secteur de l’eau. La pression de l’extérieur doit cesser, y compris celle de la Banque mondiale, qui favorise la passation de contrats du secteur privé avec les sociétés étrangères transnationales pour offrir des ressources naturelles vitales comme l’eau.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

date de mise en ligne : 20 septembre 2004

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