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Collectif Pêche & Développement, ICSF

Rêves et réalités de la reconstruction après le tsunami pour les communautés de pêcheurs en Inde et au Sri Lanka

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> Paris, 22 Novembre 2005

1. La contribution des victimes et de leurs représentants constitue un élément majeur de l’évaluation des résultats de la reconstruction après le tsunami. Les donateurs ont aussi le droit d’entendre de la part des bénéficiaires de leur aide, le compte -rendu de leur activité. Pour cela, nous avons organisé une tournée en France pour une délégation de l’organisation de pêcheurs SIFFS (Inde), et de NAFSO ( organisation nationale de pêcheurs du Sri Lanka). Seuls les délégués de SIFFS ont pu obtenir leur visa pour la France. Les trois délégués de NAFSO se sont vus refuser ces visas, sans explications, dans des conditions qui témoignent d’un mépris pour des représentants d’organisations reconnues. Nous protestons avec force contre ce déni de solidarité vis- à- vis de représentants de victimes du tsunami.

2. La catastrophe du tsunami, qui a touché gravement les communautés de pêcheurs de l’Inde du Sud et du Sri Lanka, a entraîné un mouvement de solidarité sans précédent, particulièrement de la part des pêcheurs et des associations et collectivités des régions maritimes. Cette solidarité s’est développée dans des conditions remarquables. Nous regrettons cependant que dans quelques cas, certains aient donné des équipements de pêche ou des matériels divers inadaptés ou inutiles. L’argent constitue en général le seul moyen de manifester une solidarité efficace et juste, adaptée aux besoins et aux nécessités de la reconstruction. Nous regrettons également la proposition de transfert de bateaux faite par l’Union Européenne.

3. Les victimes ne sont pas seulement des personnes et des communautés à soutenir, ce sont aussi des acteurs majeurs dans la phase d’urgence comme dans la phase de reconstruction. Les victimes disposent de structures de gouvernance et de représentation qui ont la capacité d’organiser les secours. L’appui et la reconnaissance de ces structures est un élément essentiel du succès des secours et de la reconstruction.

4. Dans le processus de réhabilitation, il est indispensable de distinguer le temps de l’urgence du temps et du rythme de la reconstruction. Dans un contexte d’abondance de fonds, il y a un risque de mener une reconstruction précipitée qui ne tient pas compte de la complexité et de la spécificité des situations. Ce risque est d’autant plus important qu’il s’agit d’un domaine particulier comme la pêche, peu familier aux acteurs de la solidarité. Cela s’est produit avec la distribution de bateaux en excès dans plusieurs zones de l’Inde comme du Sri Lanka. L’excès de générosité mal co-ordonnée aboutit à aggraver un problème déjà connu avant le tsunami,les sur capacités de pêche. L’intervention des acteurs de la solidarité doit tenir compte des logiques et des problèmes du développement local, identifiés par les organisations familières du secteur. Cette prise de conscience de la réalité locale nécessite du temps, et la capacité de résister aux pressions des donateurs, pressés de constater des résultats sur le terrain.

5. La solidarité en faveur des victimes du tsunami doit s’inscrire dans une approche intégrée du développement des zones dévastées. Il est nécessaire de veiller à soutenir l’ensemble des victimes directes ou indirectes. Certains groupes sociaux disposant de moins de capacités d’expression peuvent être marginalisés. L’ampleur du soutien aux villages côtiers peut générer des tensions avec les villages de l’intérieur tout aussi pauvres, mais sans soutiens. La solidarité doit s’inscrire dans le projet global des objectifs du millénaire pour le développement pour l’ensemble des personnes et communautés victimes de la misère.

6. La co-ordination des acteurs de la solidarité est indispensable sur le terrain. Cette co-ordination entre les communautés, les ONG, l’Etat, les organisations internationales, ne peut être efficace que si elle est basée sur des valeurs et des objectifs communs. Nous devons saluer la réussite de la co-ordination menée par le NCRC, dans le district de Nagapattinam au Tamil Nadu. Par contre, au Sri Lanka, la co-ordination entre les pêcheurs et le gouvernement s’avère plus difficile du fait de l’absence de consensus sur l’avenir de la bande littorale. Nous considérons que la priorité donnée aux pêcheurs dans cette zone littorale constitue l’un des éléments majeurs d’une collaboration entre les parties prenantes de la reconstruction.

7. La co-ordination des ONG en France est une nécessité pour éviter la concurrence auprès des donateurs, maîtriser les messages en direction des médias, donner une vision cohérente de l’action de solidarité face à des catastrophes. L’expérience anglaise, en ce domaine, avec le DEC (Disaster Emergency Committee ) constitue un modèle dont devraient s’inspirer les ONG Françaises.

8. La qualité de l’information constitue un outil majeur pour mobiliser les donateurs, développer les relations de confiance avec les organisations présentes auprès des victimes, adapter la mobilisation en fonction des besoins. Il est indispensable de tenir un discours de vérité, d’éviter le simplisme et la précipitation, de montrer la complexité des situations, de donner au maximum la parole aux victimes et à leurs représentants. Le travail réalisé par le réseau Trinet en Inde constitue un exemple remarquable d’information en continu, indispensable pour le suivi, dans la durée, du travail de réhabilitation.

9. La pression sur les littoraux, au Nord comme au Sud, menace l’existence et la survie des communautés de pêcheurs et des activités de pêche. Les tensions sont partout de plus en plus vives entre les pêcheurs et entre la pêche et les autres activités. Peu d’organisations de solidarité internationale ont engagé un travail approfondi et dans la durée avec les communautés de pêcheurs du Sud, confrontés à la misère, à la pauvreté, à la surexploitation de la ressource, à la dégradation des littoraux. Nous appelons les ONG à renforcer leur appui aux communautés de pêcheurs artisans, leur capacité de résistance aux diverses menaces, leur capacité de résilience face aux catastrophes ( cyclones, tsunami, inondations, relèvement du niveau de la mer), et à défendre leurs droits d’accès à la ressource ainsi que leurs droits fonciers sur le littoral.

document de référence rédigé le : 22 novembre 2005

date de mise en ligne : 30 novembre 2005

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