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Le peuple contre la nation : mobilisations sociales et démocratie au Mexique

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> Raphaël Canet, La Chronique des Amériques, n° 02, janvier 2007

L’arrivée à la présidence en 2000 de Vicente Fox et de son Parti de l’action nationale (PAN) avait été perçue comme une véritable transition vers la démocratie dans ce pays où un seul parti, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), s’était enraciné au pouvoir depuis plus de 70 ans. Cette alternance devait soi-disant permettre de moraliser la vie politique et de démanteler, au moins partiellement, un système de corruption généralisée. Il est évident qu’un règne sans partage d’une telle durée ne pouvait que conduire à l’instauration d’un vaste réseau clientéliste tissé autour d’une même formation partisane.

Les analystes politiques attendaient également beaucoup des élections présidentielles de 2006. L’ancrage démocratique du régime semblait acquis et il apparaissait dès lors possible d’avoir un vrai débat de société, de choisir entre deux modèles de développement pour le pays. Mais, tout comme son prédécesseur, le PAN semble avoir succombé à la tentation monopoliste du pouvoir, quitte pour cela à manipuler le processus électoral afin de demeurer aux commandes de l’État. Or, la confiance dans le processus de désignation des élus constitue le fondement de la légitimité des démocraties représentatives modernes. Dans cette démocratie fantoche où la nation manipulée ne peut librement s’exprimer, tout en étant encensée par les élites au pouvoir qui se réfugient derrière un formalisme aveugle, c’est le peuple que nous voyons ressurgir. Dépossédé de son pouvoir constituant, le peuple se dresse au milieu des cendres de la démocratie pour confronter le pouvoir constitué de manière illégitime.

date de mise en ligne : 9 février 2007

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