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FERNANDEZ Stéphane

Combattants de la paix

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> Peuples en marche, n°184, mars 2003

Dans la ruche de Porto Alegre, au cœur des marches d’ouverture et de clôture, sur le campement intercontinental de la jeunesse, dans les milliers d’ateliers et séminaires organisés, la paix était une des “vedettes” du Forum. « Un autre monde est possible », ont revendiqué les quelque 100 000 participants. Un monde sans guerre. Un article paru dans le mensuel Messages du Secours catholique.

Parce qu’elles sont les premières victimes de la guerre. Parce qu’elles s’unissent, travaillent ensemble, agissent au quotidien, cherchent à comprendre les racines historiques des conflits, les sociétés civiles inventent une nouvelle diplomatie. C’était le thème du séminaire “Paix et dialogue interculturel, vers des solutions pacifiques pour la résolution des conflits” organisé les 24 et 25 janvier, par le Secours Catholique sous l’égide du Crid (Centre de recherche et d’information pour le développement). En Irak, en Colombie, au Caucase, dans les Balkans ou en République Démocratique du Congo, les populations souffrent de combats, d’embargo, de pauvreté qu’elles n’ont ni voulu ni décidé.

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Porto Alegre 2003 - Manifestation d’ouverture contre la guerre en Irak et ailleurs - Crédits PEM

Tour du monde...

L’Irak par exemple, ses inspecteurs des Nations unies, son Saddam, ses fameuses armes de destructions massives et surtout ses deuxièmes ressources de pétrole du monde. Depuis l’imposition des sanctions, l’espérance de vie y a reculé de huit ans. La Colombie ensuite, son narco-trafic, sa coca, ses règlements de compte, ses guérillas, ses paramilitaires. Là-bas, la population civile est la première victime de la violence. 20 personnes sont tuées dont seulement 5 au combat. Les autres tombent dans la rue, au travail, chez eux, désarmés. Vingt ans de guerre totale ont entraîné dans la misère la plus totale 67 % de la population. La République Démocratique du Congo, ses trois millions de morts, ses armées rebelles, ses richesses pillées par les voisins. Le Caucase, ses conflits ethniques, ses terroristes... Ici encore, les femmes et les hommes subissent « des guerres qui ne sont pas les leurs ». Les mots sont d’Arzu Abdullayeva, Azérie, prix Olof-Palme des droits de l’Homme en 1992 en compagnie de l’Arménienne Anaït Bayandour, pour leur combat conjoint pour la paix lors du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie pour la possession du Haut-Karabagh. Arzu est également co-présidente du réseau international Helsinki Citizens’ Assembly. « Je n’avais jamais imaginé qu’on en arrive là, explique-t-elle. Que l’on se tue pour une question de nationalité, une question d’espace... »

Buts de guerre

Une des grandes difficultés de la société civile est de comprendre quels sont, derrière les raisons officielles, les véritables buts de la guerre. Selon Jorge Rojas, du comité de liaison des initiatives de paix en Colombie, « dans la majorité des cas, il y a une manipulation de l’information. Or il est prépondérant de savoir ce qu’il y a derrière les conflits que l’on nous impose. Si on ne maîtrise pas cette information, nous ne sommes pas en mesure de réagir, de combattre, de penser une stratégie de défense des droits de l’Homme ».

Ces actions citoyennes de défense des droits de l’Homme, de pédagogie, de démocratisation de l’information sont le fruit d’une situation d’impasse dans laquelle se trouvent les sociétés civiles. Premières victimes, prises entre le marteau et l’enclume des terroristes et des nettoyeurs russes en Tchétchénie et dans le Caucase, de la guérilla, de l’armée et des paramilitaires en Colombie, des bombardiers nord-américains et de la tyrannie d’un dictateur en Irak, des différentes armées au Congo, elles n’ont finalement d’autres choix que de s’engager dans la recherche de solutions. Des rencontres, des séminaires, des voyages pour montrer le soutien aux populations affectées par les conflits sont déjà des actions qui attirent l’attention sur des situations d’injustice. En Irak, les délégations se succèdent. Comme celle menée en octobre 2002 par Caritas Internationalis, elles reviennent toutes avec le même constat : « Une catastrophe humanitaire majeure en cas de guerre ainsi qu’une dangereuse déstabilisation de la région et la possible extension du conflit à d’autres pays », insiste Denis Viennot, président de Caritas Europa. Si elles n’empêcheront peut-être pas les Etats-Unis de déclencher la guerre, ces différentes missions ont permis de faire prendre conscience à une large partie de l’opinion publique l’inutilité de la guerre et ses buts ultimes. Si la grande majorité des opinions publiques européennes sont contre la guerre en Irak, c’est en partie grâce à la mobilisation de la société civile. C’est peu, et c’est beaucoup.

L’aspect concret du symbolique

Mais, même si elles peuvent paraître dérisoires, « les actions concrètes acquièrent une force symbolique importante », souligne Bernard Dréano, animateur du séminaire et co-président de l’Helsinki Citizens’ Assembly. Elles peuvent même permettre un cessez-le-feu en pleine guerre comme ont réussi à l’obtenir Arzu Abdullayeva et Anaït Bayandour en organisant un voyage en autocar entre Bakou et Erevan. Elles ont surtout organisé un système de libération des otages qui a permis la libération de 400 personnes. « D’autres actions concrètes peuvent avoir lieu comme les rencontres de jeunes, les échanges professionnels de journalistes, de sociologues..., continue Bernard Dréano. Cela permet de construire une contre-image de l’ennemi. Car il ne s’agit pas seulement de faire des analyses. Pour qu’elles soient efficaces, elles doivent se nourrir de pratiques » Ces mêmes pratiques voient le jour en Colombie. Jorge Rojas explique le véritable enjeu de l’implication de la société civile : « Aujourd’hui, le monde va vers plus de sécurité. Cela peut vouloir dire plus de conflits et moins de démocratie, moins de droits de l’Homme. Il faut nous préparer à combattre pour nos droits, à combattre pour que la participation politique de la société civile soit reconnue pour que nous puissions agir sur des décisions qui nous concernent. Lors d’un séminaire pour la paix organisé l’an dernier à Bogota, nous avons déclaré que cette guerre n’était pas la nôtre. Ici, nous pouvons redire : “Le monde est à nous, les guerres non”. »

document de référence rédigé le : 1er mars 2003

date de mise en ligne : 19 août 2004

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