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LABAS Sylvie

De Césaire... au marché du livre

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> Peuples en marche, n°188 - septembre 2003

Dans son Discours sur le colonialisme [1], Aimé Césaire rappelle des paroles justifiant la colonisation et prononcées à l’Assemblée : "Tous ceux qui jugeaient et jugent licite d’appliquer aux peuples extra-européens, et au bénéfice de nations plus fortes et mieux équipées, “une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique”". Ce texte majeur, paru en 1955, reste, hélas, encore d’actualité : la “françafrique”, avec toute sa cohorte d’affaires, paraît avoir encore de beaux jours devant elle. En termes d’information, nous nous contentons de ce que l’on veut bien nous servir, c’est-à-dire de bien peu. Nos Etats se disent fiers d’aider les pays du Sud, mais nous ne donnons que pour mieux reprendre ce qui ne nous appartient qu’en partie, ou plutôt ce qui appartient en partie à ces mêmes pays que nous “aidons” et qui sont spoliées (avec le consentement de leurs propres gouvernements) de leurs matières premières et de tout ce qui peut intéresser à titre économique nos Etats, c’est-à-dire nos grandes entreprises.

Dans son Discours sur le colonialisme [2], Aimé Césaire rappelle des paroles justifiant la colonisation et prononcées à l’Assemblée : "Tous ceux qui jugeaient et jugent licite d’appliquer aux peuples extra-européens, et au bénéfice de nations plus fortes et mieux équipées, “une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique”". Ce texte majeur, paru en 1955, reste, hélas, encore d’actualité : la “françafrique”, avec toute sa cohorte d’affaires, paraît avoir encore de beaux jours devant elle. En termes d’information, nous nous contentons de ce que l’on veut bien nous servir, c’est-à-dire de bien peu. Nos Etats se disent fiers d’aider les pays du Sud, mais nous ne donnons que pour mieux reprendre ce qui ne nous appartient qu’en partie, ou plutôt ce qui appartient en partie à ces mêmes pays que nous “aidons” et qui sont spoliées (avec le consentement de leurs propres gouvernements) de leurs matières premières et de tout ce qui peut intéresser à titre économique nos Etats, c’est-à-dire nos grandes entreprises.

Ces mêmes Etats justifient aujourd’hui les diminutions de cette “aide” au nom de la corruption des Etats du Sud. Mais à qui profite cette corruption, ces conflits, la misère, l’absence d’écoles ? Les entreprises - elles peuvent se compter sur les doigts de la main - au profit desquelles la plupart des Etats de désengagent peu à peu de leurs missions fondamentales (éducation, santé, culture, solidarité...), se partagent notre monde, avec la bénédiction des politiques...

Marché du livre : laisser le Sud exister

Le marché du livre ne fait pas exception : au Nord, le monde du livre se comporte comme s’il ne connaissait pas l’existence, au Sud, de professionnels du livre. Les livres vendus en Afrique sont pour la plupart édités et fabriqués dans nos pays, par ces mêmes entreprises qui ont déjà racheté l’eau, l’électricité, les télécommunications de la plupart des pays africains. Forcément au mépris des économie locales, ce qui a pour conséquence de rendre le livre inaccessible quant à son prix, mais aussi d’empêcher le développement et l’indépendance de tous les acteurs de la chaîne du livre dans ces pays.

En instituant des partenariats équitables entre éditeurs Nord/Sud, des échanges de savoir-faire à tous les niveaux de la chaîne du livre, en soutenant le développement de la lecture, des projets d’ouvrages multi-langues (notamment pour les livres de jeunesse), en facilitant les projets d’importation, de diffusion et de distribution des livres édités et fabriqués au Sud, et plus simplement en faisant place au Sud, le Nord peut se donner la possibilité d’une véritable alternative.

A cet égard, l’expérience que tente Afrilivres [3] est courageuse : une cinquantaine d’éditeurs se sont fédérés afin d’organiser la vente de leurs livres non scolaires en France. A l’origine : un comité de pilotage d’éditeurs africains, réunis fin 2001 par Africultures [4] avec l’aide de la Fondation Charles-Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme. Un site (http://www.afrilivres.com) présente les ouvrages disponibles, à commander en ligne mais aussi auprès d’un libraire qui, s’il ne le sait pas encore, pourra se les procurer auprès du diffuseur et distributeur SERVEDIT. "...J’admets, écrit Aimé Césaire, que mettre les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier sur elle-même s’étiole ; que l’échange est ici l’oxygène ..."

[1] Editions Présence Africaine (à lire ou relire de toute urgence !)

[1] Editions Présence Africaine (à lire ou relire de toute urgence !)

[2] Editions Présence Africaine (à lire ou relire de toute urgence !)

[3] Association d’éditeurs d’Afrique francophone subsaharienne, de Madagascar et de l’Ile Maurice, soutenue par le ministère des Affaires étrangères, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie et l’Alliance des éditeurs indépendants

[4] Voir http://www.africultures.com.

document de référence rédigé le : 1er septembre 2003

date de mise en ligne : 2 septembre 2004

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