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Birmanie : une attitude française très ambigüe

3 mai 2007

Les discussions relatives à la Position commune de l’Union européenne sur la Birmanie ont débouché sur un statu quo la semaine dernière à Luxembourg. Alors que les preuves de l’enfoncement du pays dans une situation politique et environnementale dramatique s’accumulent, les Amis de la Terre condamnent fermement cette inaction qu’ils estiment contre-productive. L’attitude du gouvernement français, en particulier, leur apparaît comme très ambigüe.

Si certains pays comme les Etats-Unis ont depuis plusieurs années une position ferme vis-à-vis de la junte militaire birmane en lui imposant des sanctions économiques ambitieuses, la Position commune européenne reste très peu contraignante. L’enjeu des discussions qui viennent de se tenir à Luxembourg était donc important : asphyxier la junte en renforçant les sanctions sur certains secteurs entièrement contrôlés par les militaires, notamment le bois, et envoyer un signal politique fort.

Pourtant, alors que les dégradations liées à l’exploitation des forêts birmanes sont désastreuses et que les recettes tirées de l’exportation du bois local (en particulier le teck) constituent la seconde source officielle de devises pour la junte avec près de 430 millions de dollars en 2005 (sans compter l’exploitation transfrontalière illégale d’une ampleur désastreuse), aucune nouvelle sanction ne sera imposée. Malgré une résolution très ferme du Parlement européen en décembre 2006 [1], cela est dû à l’opposition de certains pays membres du fait de leurs intérêts en Birmanie (au mépris des recommandations de l’OIT) ou de l’envie de maintenir de bonnes relations avec la Chine, très impliquée sur place. Ainsi en 2004 l’attitude de la France semble déjà avoir fait échouer une première tentative de renforcement de la Position commune, qui aurait nuit à la présence très contestée de Total en Birmanie.

Selon plusieurs sources concordantes, cette fois encore et malgré les preuves accablantes des violations des droits de l’Homme et de la surexploitation des ressources naturelles en Birmanie, la France a adopté ces dernières semaines une attitude négative vis-à-vis d’un éventuel renforcement des sanctions, conduisant les autres états membres tenants d’une position plus ferme à abandonner leurs propositions sur le bois et d’autres secteurs. Gwenael Wasse, chargé de la responsabilité des entreprises aux Amis de la Terre, s’indigne : " La France a beau jeu de déclarer aujourd’hui qu’elle ne s’est pas opposée à de nouvelles sanctions, alors qu’elle a apparemment tout fait pour qu’elles ne soient pas posées sur la table des négociations ! Il est difficile de ne pas penser que les intérêts français en Birmanie, Total en tête, ont lourdement pesé dans la balance. Si tel était le cas cette attitude serait bien peu honorable de la part du "pays des droits de l’Homme", alors que l’opposition démocrate birmane opprimée depuis plus de quinze ans, le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi à sa tête, ne cesse d’appeler à des sanctions plus dures".

Echaudés par ce qu’ils estiment être un déni total des revendications des ONG françaises et européennes qui militent pour un renforcement de la Position commune, les membres du réseau européen des Amis de la Terre seront très vigilants à l’avenir, et continueront à faire pression sur les autorités pour la prise en compte du critère envrionnemental dans ce dossier.

  • Contact presse : Caroline Prak - 01 48 51 32 22 ou 06 84 41 53 43

[1] Résolution P6_TA-PROV (2006)0607 du/12/2006, article 8

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