bibliotheque internationale pour un monde responsable et solidaire ritimo

Le portail rinoceros d’informations sur les initiatives citoyennes pour la construction d’un autre monde a été intégré au nouveau site Ritimo pour une recherche simplifiée et élargie.

Ce site (http://www.rinoceros.org/) constitue une archive des articles publiés avant 2008 qui n'ont pas été transférés.

Le projet rinoceros n’a pas disparu, il continue de vivre pour valoriser les points de vue des acteurs associatifs dans le monde dans le site Ritimo.

actualités du site > campagnes > Les diamants de la misère

Les diamants de la misère

La République démocratique du Congo (RDC) dispose de ressources naturelles extrêmement riches, parmi lesquelles des diamants, la marchandise d’exportation la plus précieuse du pays [1]. Pourtant, le commerce du diamant n’a pas engendré les bénéfices significatifs que l’on aurait pu espérer pour la population congolaise. Ironie du sort, les habitants de la province du Kasaï oriental, région qui abrite l’essentiel des gisements du pays, comptent parmi les plus pauvres de la RDC... Et la situation ne va pas en s’arrangeant. Ainsi, depuis plusieurs mois, la Société minière de Bakwanga (MIBA), principale entreprise extractive de diamants du pays, est au bord de la faillite. Le retard dans le paiement des salaires de ses 6000 employés y est aujourd’hui de huit mois, et les rémunérations en vivres ne sont plus assurées depuis plus de quarante mois. Compte-tenu de l’importance de cette société pour l’économie de la région, ce sont les habitants de toute la province, et l’économie de tout le pays qui pâtissent des mauvais résultats de l’entreprise. Une gestion responsable constituerait indiscutablement la clé de la stabilité et de la croissance économique de la région. Mais les mesures proposées par le gouvernement face à la détresse des travailleurs et de leurs familles, restent insuffisantes.

La MIBA, c’est le géant industriel et minier du Kasaï oriental. Cette entreprise créée en 1961 suite à la découverte des premiers diamants dans les gisements de la rivière Mbuji Mayi, s’étend sur une concession de 45 000 km2 et a produit pour les 5 dernières années une moyenne de 6 millions de carats de diamants par an. En plus de sa mission initiale qui consiste en l’exploitation de diamants, la MIBA, via ses écoles, ses hôpitaux, son système hydroélectrique et même ses habitations, joue un rôle central dans le développement socio-économique de la ville de Mbuji Mayi, du Kasaï oriental et même du pays dans son ensemble. Or, son capital est détenu à 80% par l’Etat, mais voilà : celui-ci doit 64 millions de dollars à la MIBA, la société étant elle-même endettée à hauteur de 140 millions de dollars...

Mineurs en grève et syndicalistes réduits au silence

Cela fait déjà plusieurs mois que les travailleurs de la société minière dénoncent la détérioration de leurs conditions de travail et de vie dans l’entreprise quand, après avoir déposé en vain plusieurs préavis de grève, avec l ’appui de l’intersyndicale impulsée par la FOSYCO (Force syndicale congolaise), ils décident de se mettre en grève le 23 avril dernier.

Les sources de mécontentement sont nombreuses : vétusté de l’outil de travail, insécurité dans les carrières, retards considérables de paiement des salaires, suppression d’avantages sociaux comme la distribution mensuelle de vivres aux familles des employés, absence de soins médicaux et de moyens de transport pour se rendre sur leur lieu de travail, etc. Non seulement les conditions de travail des mineurs sont extrêmement difficiles et dangereuses, mais en plus ils sont aujourd’hui plongés dans la faim et la misère, et vivent comme " des clochards réduits à la mendicité " [2] . Mais, loin de voir leurs revendications prises en compte, une semaine après le début de la grève, les représentants syndicaux sont convoqués par le gouverneur de la province du Kasaï oriental, en présence et sous la pression des responsables de l’armée, de la police, des renseignements généraux et des dirigeants de la MIBA, et sont solennellement mis en garde contre la poursuite de la grève. Dans les jours qui suivent, les principaux dirigeants de la FOSYCO, considérés comme les initiateurs du conflit, reçoivent quotidiennement des menaces de mort (SMS, coups de téléphone anonymes ou menaces proférées par l’intermédiaire d’émissaires). Le 14 mai, des employés de la MIBA venus manifester leur indignation lors d’un rassemblement pacifique organisé devant le siège social de la société, sont brutalement réprimés par la police. Plusieurs manifestants seront gravement blessés. La presse locale, " aux ordres ", refuse de publier leurs communiqués...

Le gouvernement appelé à protéger les intérêts du peuple

Face à la détermination des grévistes, la ministre du Portefeuille, Jeanne Mabunda, reçoit finalement le lundi 7 mai 2007, une délégation syndicale à Kinshasa. L’après-midi même, le paiement d’une partie des arriérés de salaire débute sur les sites de production de la MIBA et le mercredi suivant, le travail reprend timidement après 16 jours de grève. De nombreux ouvriers refusent toutefois encore de regagner les carrières, exigeant comme préalable à la reprise, le départ du comité de gestion de la MIBA, jugé responsable du risque de faillite et incapable d’assurer la sécurité des mineurs dans les carrières.

A l’issue d’une assemblée extraordinaire du conseil d’administration de la MIBA, la ministre du Portefeuille met finalement fin aux fonctions de tous les membres du comité de gestion. Une nouvelle équipe est nommée pour un mandat intérimaire de deux mois, mais est aussi contestée par les salariés.

Pour répondre aux graves problèmes financiers de l’entreprise, le gouvernement aurait en outre contracté un prêt de 11 millions de dollars auprès d’une banque privée, accordé en échange de l’hypothèque des certificats miniers et des titres d’exploitation des gisements de l’entreprise. Or, non seulement cette somme est largement insuffisante pour assurer le paiement des arriérés de salaire dus par l’entreprise, qui s’élève aujourd’hui à plus de 20 millions de dollars, mais en plus, dans l’hypothèse plus que probable où la MIBA ne serait pas en mesure de rembourser sa dette, celle-ci risque un véritable démembrement, avec un transfert de son contrôle à des intérêts privés [3] . Les représentants de la FOSYCO craignent que le gouvernement ne soit en train d’essayer de " brader cette entreprise, comme il l’a déjà fait avec d’autres ", disent-ils. Ils font appel à la solidarité internationale pour " empêcher un tel transfert de propriété et exiger une solution qui tienne compte des intérêts de tous".

- Pour en savoir plus et signez la pétition : http://www.peuples-solidaires.org

© rinoceros - Ritimo en partenariat avec la Fph via le projet dph et la région Ile de France via le projet Picri. Site réalisé avec SPIP, hébergé par Globenet. Mentions légales - Contact

ritimo