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AGARWAL Anil

A. Agarwal a fondé le CSE (Centre for Science and Environment) et l’a dirigé pendant plus de vingt ans.

Nous reproduisons un article de sa collaboratrice et amie Sunita Narain publié dans Notre Terre, n° 8, en mars 2002.

Anil Agarwal (1947-2002)

Voici l’article le plus difficile que j’aurai écrit à ce jour, sans mon collègue Anil Agarwal, car c’est de lui qu’il s’agit. Anil et moi avons travaillé ensemble, voyagé et écrit ensemble pendant vingt ans. Chacun écrivait de son côté aussi. Depuis plusieurs mois il était si malade que, pour la première fois, il n’avait même plus la force de lire les articles que j’écrivais pour lui. C’est dur de vivre sa vie sans l’autre, sans l’énergie d’Anil, sans son militantisme passionné.

Le travail était toute sa vie. Ce qu’il a fait pendant les sept années où il a dû lutter contre le cancer est vraiment étonnant. Je me souviens de sa réflexion lorsqu’on a appris qu’il était atteint d’un lymphome rare qui avait déjà touché le cerveau, la moelle épinière et les yeux. Il a simplement dit : « Est-ce qu’il existe un traitement ? » Dans les peines de la chimiothérapie, il était si discret et tranquille, comme s’il s’agissait d’un petit mal de ventre.

Ce qui primait c’était la tâche à accomplir. Notre Centre pour la science et l’environnement (CSE) était alors plutôt en désordre. On s’était développé, on avait lancé une revue qui paraissait tous les quinze jours, sans trop se préoccuper de gestion. Nous étions des militants écologistes et nous écrivions, et les problèmes de gestion d’une telle structure nous confondaient encore. Pendant les mois passés aux Etats-Unis puis en France, où Anil a subi une transplantation de moelle épinière, nous avons travaillé avec toute notre énergie pour consolider nos structures internes. Et nous avons fait de nombreuses erreurs car avec son impatience Anil énervait parfois sérieusement certains collègues. Anil a vite compris que pour établir de bonnes fondations il devrait donner abondamment de sa force, de sa générosité et surtout de son temps. Et c’est ce qu’il a fait, et je sais qu’il est parti en sachant que son institution continuera le travail déjà accompli. Nous sommes plus pauvres sans lui mais nous ne sommes pas des enfants en perdition. Pour lui, le plus gros problème c’était l’après Gandhi, ceux qui sont venus après : « Des orphelins, disait-il, incapables de se coltiner aux défis de l’heure et de montrer la voie à suivre. Oublié, Gandhi ! » Pour que Anil continue à vivre dans nos esprits, le CSE devra continuer à parler aussi haut et fort que lui des choses de l’environnement et du développement.

Son message était en perpétuelle évolution car sa grande passion était d’apprendre, et il considérait qu’on n’en savait jamais assez : une bien précieuse maxime ! Jusqu’au bout il a écouté les autres, il a voyagé, il a lu, comme un jeunet qui s’en va en reportage. C’est ce qui fait la richesse du capital intellectuel qu’il nous lègue. Dans les années 1980, il a proclamé que les pays pauvres devaient eux aussi s’occuper de l’environnement, et ça a été le tout début de notre mouvement écologiste. A cette époque on pensait que l’écologie c’était de beaux arbres et de jolis tigres, que « la fumée est le signe tangible du progrès ». Et l’on estimait que le plus grand facteur de pollution c’était la pauvreté, comme disait Indira Gandhi. Anil a dénoncé ces façons de voir, et avec quelle force !

Pour les pauvres l’environnement ce n’est pas un luxe mais bien un moyen de survie essentiel, répétait-il. Et il conceptualisait l’autre rationalité économique des pauvres qui dans les campagnes pratiquent une économie de subsistance basée sur la biomasse et trouvent dans l’environnement ce qu’il faut pour répondre à leurs besoins essentiels. Anil ironisait sur nos économistes classiques qui mesurent le bien-être de la population à l’aune du Produit national brut. Pour mesurer les progrès de notre économie, il proposait, quant à lui, de s’en référer au Produit naturel brut et à des indicateurs spécifiques, le nombre d’heures que les femmes mettent à faire les corvées d’eau et de bois, par exemple.

Aujourd’hui tout cela est bien connu. Mais pour avoir cheminé avec lui, je sais combien chaque étape de cette démarche a été difficile. En 1989, nous avons écrit et publié ensemble Towards Green Villages *. Nous montrions que la réhabilitation de l’environnement rural passait plus par la décentralisation et la dévolution de pouvoirs que par la plantation d’arbres ou la diffusion des foyers sans fumée dont on parlait beaucoup alors. C’est un point de vue qui est largement accepté maintenant. Mais le courrier que nous avons reçu à la suite de cette publication est là pour nous rappeler que beaucoup étaient alors contre nous, et violemment. Chaque étape de sa vie a été marquée par une nouvelle découverte. Notre livre Global warming in an unequal world (Le réchauffement planétaire dans un monde inégalitaire), nous a obligé à ferrailler contre les plus puissants instituts de recherche des pays industrialisés. Et pour notre campagne de lutte contre la pollution atmosphérique, nous avions en face de nous le secteur automobile. Mais pas un instant Anil ne nous donné l’impression que nous étions inférieurs à tout ce monde, sans doute parce qu’il avait une confiance totale en la démocratie. Dans la mesure où nous étions sûrs de nos chiffres, de nos données nous pouvions donc bien affronter tout le reste de la planète. Anil répétait souvent cette formule : « Si notre information est bonne, si nous disposons d’un bon réseau d’amis et d’experts (le capital social) qui sont prêts à collaborer avec nous, nous arriverons à faire fonctionner la démocratie indienne ». Pour lui, la démocratie était plus qu’une « bonne idée » (pour appliquer la formule du Mahatma Gandhi au contexte politique de l’Inde d’aujourd’hui), c’était sa façon d’être. Grâce à cette conviction, il savait trouver un équilibre dans les luttes à mener : les marchés avaient leur importance et tout autant la démocratie participative dans les villages.

« On y trouve une rigueur de clinicien et de la passion » a écrit un journaliste anglais bien connu à propos du travail du CSE. Et c’était bien là les deux qualités essentielles de Anil, deux qualités auxquelles il nous faudra prétendre. Ses dernières années il les a consacrées à deux grandes campagnes : participation des populations locales à la gestion de l’eau, lutte contre la pollution atmosphérique à Delhi. Quelques minutes avant qu’il ne décède, alors que je parlais à un journaliste du rapport de la Commission Mashelkar sur la politique des carburants automobiles, il m’a repris sur un point. Il n’est plus là physiquement pour nous guider, mais je sais qu’il continuera à nous stimuler pour que ne s’éteigne pas la flamme.

Aux lecteurs de Down To Earth nous promettons une chose. Anil avait eu cette envie de publier une revue consacrée à la science et à l’environnement. Voici ce qu’il écrivait dans le premier numéro : « Down To Earth n’est pas né de notre désir de prendre une part de marché dans le secteur de l’information. Down To Earth est là parce que nous ressentons profondément le besoin de remplir un vide évident ». Anil a travaillé dur pour communiquer à ses lecteurs ce qu’il savait, ce qui motivait sa passion. Nous essayerons de suivre ses pas. Il est clair que nous n’allons pas le remplacer, mais nous ferons de notre mieux pour être ses fantassins. Down To Earth continuera à faire résonner la voix forte de Anil, une voix de la raison, aujourd’hui et pour longtemps.

* Publié en français sous le titre Quand reverdiront les villages, disponible au CRISLA, 1, avenue de la Marne, Lorient 56100


Femmes et environnement

> Extrait de Towards green villages (une version française est disponible au CRISLA sous le titre Quand reverdiront les villages), in Notre Terre n°15, mars 2005

« A quelqu’un qui lui posait cette question “Quand on prépare les plans nationaux, à quoi doit-on penser le plus”, le mahatma Ghandi a répondu “Ayez à l’esprit le dernier des hommes”. On sait que, dans la pratique, le dernier des hommes est souvent une femme. Aucun autre groupe ne subit les conséquences de la dégradation de l’environnement autant que les femmes pauvres des campagnes. Au petit matin, elles ont devant elles la perspective d’une longue marche à la recherche de combustible, de nourriture pour les bêtes et d’eau. Qu’importe si la femme est âgée, jeune, enceinte : il faut bien, jour après jour, répondre aux besoins essentiels du ménage. A mesure que l’environnement se dégrade, la longue marche s’allonge encore et la fatigue devient plus pesante. » (Anil Agarwal, in Quand reverdiront les villages)  lire

date de mise en ligne : 3 janvier 2006

Message à diffuser : récoltez l’eau du ciel !

> in Notre Terre n° 7, novembre 2001

La récolte de l’eau par les populations locales est un concept qui fait son chemin, en Inde et ailleurs. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que pour assurer la sécurité alimentaire il est de plus en plus indispensable de recourir à la récolte et à la conservation de l’eau.  lire

date de mise en ligne : 7 octobre 2004

Gouvernements, ONG et commerce international

> in Notre Terre n° 3, 31 décembre 1999

S‘il est une leçon que notre gouvernement doit tirer des événements de Seattle, c’est bien celle-ci : il faut qu’il apprenne à travailler avec la société civile. Nos politiciens et nos commentateurs vont sans doute continuer à focaliser sur l’accès au marché, le contrôle des marchés et autres aspects économiques. Mais c’est finalement la qualité de notre démocratie qui déterminera la qualité de notre développement économique.  lire

date de mise en ligne : 6 octobre 2004

Gobar Times et Gobar Mantri

> in Notre Terre

Il y a quelques années, une militante du mouvement associatif, Pramila Dandavate, me demanda au terme d’un débat si les écologistes indiens avaient leur emblème, comme le charkha (rouet) de Gandhi du temps de la lutte pour l’indépendance. Depuis j’ai souvent réfléchi à cette question, et j’aimerais aujourd’hui faire part de ma réponse aux lecteurs de Down to Earth. J’ai d’abord pensé que la bicyclette ferait le mieux l’affaire. D’un point de vue écologiste, c’est une bonne chose puisque ce véhicule ne pollue pas l’atmosphère. D’un point de vue social, c’est aussi une bonne chose : le vélo favorise l’égalitarisme. Du point de vue de l’individu, c’est encore une bonne chose, car le vélo maintient celui qui pédale en forme. Pour toutes ces raisons, ce serait un beau symbole, sauf que ce type de véhicule n’est pas vraiment un produit de la culture indienne, contrairement au rouet de Gandhi.  lire

date de mise en ligne : 6 octobre 2004

Le Sommet de Johannesburg : et après ?

> Introduction de l’ouvrage "Poles Apart, CSE", New Delhi, 2001, in Notre Terre n° 8, mars 2002

Les signes prémonitoires ne sont pas bons, c’est le moins qu’on puisse dire. Un an seulement avant le Sommet du développement durable de Johannesburg qui doit faire le point sur les progrès accomplis depuis Rio (1992), le président des Etats-Unis, George W. Bush, donnait un coup terrible à ceux qui rêvent d’une responsabilité collective vis-à-vis de notre planète : son pays ne participerait pas aux négociations du Protocole de Kyoto qui doit imposer aux pays industrialisés une réduction des émissions de (...) lire

date de mise en ligne : 6 octobre 2004

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