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PINARD Christophe

Enseignement agricole en France : quelle éducation au développement ?

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Dans l’enseignement agricole, l’éducation au développement est prise au sérieux. La restreindre à la solidarité internationale en ferait un champ trop « limité », estime Christophe Pinard, enseignant du lycée agricole de Tours Fondette.

Auprès des 15-22 ans, l’enseignement agricole attache de l’importance à la formation à la coopération internationale. Parmi les moyens, la publication de Fred [1] , bulletin de liaison trimestriel très intéressant où l’on trouve nombre d’informations, récits d’expériences, outils, contacts ainsi que des débats... et dont nous extrayons les réflexions qui suivent [2].

« Education au développement, éducation à la citoyenneté, coopération internationale... voilà de bien jolies expressions pour désigner ce que nous devons faire avec nos élèves, nous, les formateurs au sens large de l’enseignement agricole. Il y a même un réseau pour aider à cela, le Réseau pour l’Education au développement (Red) de la Direction générale.

Mais le passage à l’action n’est pas toujours facile, la mise en œuvre rencontre des difficultés. Beaucoup de formateurs, non formés à cette dimension de l’éducation, sont dépourvus et ne savent pas forcément où mettre les limites. Ceci engendre des peurs, peur de s’engager, peur d’être montré du doigt par un collègue ou, pire, par un proviseur davantage prêt à éviter tout problème relationnel avec l’extérieur (les parents, les associations, les supérieurs...) qu’à remplir et faire remplir toutes les missions dévolues par la loi à l’enseignement agricole.

Par exemple, les derniers événements politiques [l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle d’avril 2002, NDLR] ont bien sûr donné lieu à de nombreuses discussions dans les salles des profs, mais qui a réellement abordé les problèmes face aux élèves ? Fallait-il le faire, et si oui, comment ? Chacun s’interroge... Je plaide pour qu’un jour notre mission de formation inclue la politique (au sens noble : “gestion de la cité”) dans l’éducation à la citoyenneté [...] et pour cela je propose quelques réflexions.

Tout d’abord, le monde bouge. Très vite. Qui aurait imaginé, il y a seulement 10 ou 20 ans, que les lois du marché seraient devenues ce qu’elles sont aujourd’hui ? Nous connaissons les conséquences de l’ultra-libéralisme, des secteurs entiers de production s’écroulent, et les pays du Sud sont évidemment les plus touchés... Alors que leur situation devrait nous faire comprendre qu’il y a urgence à développer nos relations de partenariats avec eux.

Dans mon lycée, l’excellente expo du Musée de l’Homme “Tous parents, tous différents”, a remarquablement bien illustré l’inexistence scientifique de la notion de race, importante à faire connaître de nos élèves. Mais bien sûr, il est nécessaire que les formateurs s’approprient l’outil, et le fassent utiliser par les élèves !

J’ai eu la chance de représenter le Réseau Sénégal de la DGER au Forum social africain de Bamako, préparant le Forum social mondial de Porto Alegre : 45 pays d’Afrique représentés, la société civile qui organise la lutte contre le développement de la mondialisation néo-libérale, bref un événement sans précédent. Comment faire part à nos élèves de ces mouvements peut-être fondamentaux pour l’organisation du monde à venir ?

Les programmes du brevet de technicien supérieur doivent aborder la mondialisation, mais dans notre lycée, on ne cherche pas à s’appuyer sur des outils ou intervenants extérieurs. Raison invoquée : le refus de faire de la politique !

[...] Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés à rendre tabou tout sujet “politique” ? Le mot lui-même fait peur ! N’est-ce pas là une des raisons majeures des résultats de l’élection présidentielle ? Comment, aujourd’hui, tenir compte de ce constat pour réhabiliter la politique, rendre honnête le débat citoyen ?

Deux idées

Pourquoi ne pas prendre exemple sur une pratique au Sénégal ? Là-bas, réunis autour d’une table ou assis sous l’arbre à palabres, les gens n’hésitent pas à s’avouer mutuellement leurs convictions politiques, à en discuter sans heurt ni rancune, à continuer à dialoguer avec un “adversaire” ? Peut-on imaginer pareille situation idyllique en France, et si oui, comment atteindre cet objectif ?

Pourquoi pas aussi l’organisation de débats dans le cadre de l’association des élèves d’un établissement ? Des enseignants-animateurs peuvent alors s’investir et faire vraiment de l’éducation à la citoyenneté. Des outils existent pour illustrer leurs propos, ou servir de support-prétexte à l’organisation de soirées-débats.

Ma conviction est là, notre mission d’éducateur passe par là. En effet, nos élèves étant, d’abord, de futurs citoyens, il en va de l’avenir de la société toute entière. »

[1] Formation, Réseaux, Education au Développement : Fred est une publication de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER)
Ministère de l’Agriculture
Bureau Coop° internationale
1ter, av. de Lowental, 75439 Paris 07 SP

[2] Fred, n°42, septembre 2002

document de référence rédigé le : 1er mars 2003

date de mise en ligne : 24 août 2004

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